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Le mouvement muraliste mexicain, de l’expression des idéaux de la Révolution au « street art »



Le mouvement du muralisme moderne naît suite à la chute de Porfirio Diaz après la révolution mexicaine, mais les racines de ce mouvement sont plus anciennes : elles sont en effet liées aux civilisations qui occupaient le territoire du Mexique avant l'arrivée des Hispaniques. Plus précisément, les Olmèques utilisaient le muralisme comme méthode d’expression culturelle. Après l'arrivée des conquérants, le muralisme a été utilisé pour exprimer les diverses croyances religieuses que les Espagnols ont apportées d'Europe.


Avant la révolution mexicaine, plusieurs artistes avaient déjà commencé à envisager l'idée de peindre des peintures murales au Mexique. Parmi ces artistes figuraient Alfonso Reyes et José Vasconcelos. Le mouvement muraliste était également dirigé par l’artiste Gerardo Murillo, connu sous le nom de Dr. Atl. C'est ce peintre qui a créé le premier tableau mural moderne au Mexique.



Puis, en 1910, la Révolution mexicaine éclate. Elle oppose des hommes aux idéologies différentes, et crée une grande division des idées politiques et sociales dans la nation. Pour cette raison, le gouvernement mis en place après la fin du conflit par le PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel), le parti du « peuple » mexicain, se fixe comme objectif d'unir tous les peuples sous une idéologie mexicaine unique. Une telle mission unificatrice nécessite de facto un outil simple et concis pour être efficace. Un grand nombre de Mexicains ne sont à cette époque pas en mesure de lire et d’écrire ; par conséquent, les messages écrits ne sont pas efficaces. Les messages doivent donner une identité historique aux Mexicains. Ainsi, le muralisme mexicain naît pour atteindre l’esprit des classes les plus pauvres du pays à travers des images et des symboles, idéaux de la révolution.


Concrètement, à partir de 1922, l’Etat mexicain, désormais stabilisé, lance un grand mouvement de commandes de gigantesques peintures murales, finançant ainsi le mouvement muraliste, qui restera dominant jusque dans les années soixante-dix (l’âge d’or étant particulièrement jusqu’aux années 1950). Les artistes mexicains Diego Rivera, David Siqueiros, Guerrero, José Orozco, Ramón Alva Guadarrama, Germán Cueto et Carlos Mérida créent un « Sindícato de obreros técnicos, pintores y escultores de México » en 1923 qui condamne la peinture dite « de chevalet » et tout l’art des cercles ultra-intellectuels. La mise en place de cet art monumental public contribue à fonder les représentations de la nation mexicaine et à affirmer le sentiment national des mexicains, leur conscience d’attachement national autour de deux thèmes fédérateurs : la tradition précolombienne et la lutte des classes marxistes.


Le muralisme devient progressivement par la suite un art populaire. Dans les années cinquante, la « Generación de la Ruptura », un collectif d’artistes en opposition avec les valeurs du muralisme existant, commence à diffuser de nouvelles valeurs, telles que le cosmopolitisme et l’apolitisme. L’objectif premier de cette nouvelle génération d’artistes est d’acquérir une universalité plastique et une plus grande liberté de création.


Ainsi, le muralisme mexicain est d’abord un art au service du gouvernement, avant de passer aux mains de groupes populaires qui l’utilisent comme moyen d’expression et de protestation sociale. L'art muraliste a en effet ouvert la voie à un nouveau style artistique, débuté aux États-Unis, mais qui s'est répandu rapidement dans toute l'Amérique latine et dans le monde : l’art urbain par le graffiti. L'art muraliste a en effet fait voir à des centaines de personnes que les murs sont un instrument valable pour exprimer leur art.


Pour aller plus loin et résumer ces propos, une vidéo de 13 minutes sur le site d’Arte : https://www.arte.tv/fr/videos/091742-000-A/le-muralisme-un-street-art-mexicain/


Laura Féret, vice-présidente.



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