C’est après quelques courriels que l'écrivain globe trotteur Caryl Férey nous a fait le plaisir de revenir sur ses romans latinos au cours d’une table ronde passionnante, réunissant le bureau de la Casa Latina et ses membres les plus fidèles.
Si aujourd’hui les murs du métro parisien sont tapissés d’affiches de son nouveau roman Lëd se déroulant dans la froide Sibérie, c’est dans les pays chauds d’Amérique du Sud, de la Colombie au Chili en passant par l’Argentine, que le plus voyageur des Bretons a décidé d’arrêter son périple pour le bonheur des sciences pistes.
Pendant plus d’une heure, Caryl Férey nous a fait voyager depuis les forêts mystiques de Condor jusqu’aux cartels les plus violents de Paz, entre anecdotes personnelles et récits de voyage.
Revenant tout d’abord sur l’histoire de l’Amérique du sud, Caryl Férey s’est servi du passé fasciste des dictatures militaires latinos comme base pour ses trois romans. Son premier voyage fut en Argentine : “ça a été un coup de foudre”. L’écrivain est ainsi arrivé à Buenos Aires lors des manifestations des grandes-mères de la place de mai, ce fut pour lui une réelle révélation et la source de plusieurs personnages féminins hauts en couleur : “je préfère les personnages féminins, les femmes sont plus courageuses que les hommes”. Cary Férey nous confie que c’est dans les bars porteños qu’il a appris l’espagnol. La vie nocturne et festive de la capitale argentine fut alors l’occasion de nombreuses rencontres et la naissance d’un réel intérêt pour le continent sud-américain.
Après l’Argentine, Caryl Férey nous amène sur les terres sacrées du Chili. A propos des personnages indiens présents dans Condor et Mapuche, l’auteur nous raconte son immersion au sein d’une communauté mapuche pendant une dizaine de jours dans la région chilienne de Bio-Bio, grâce à l’aide d’un photographe mapuche. Il est alors question de renouer avec la nature et un certain mysticisme. Pour mieux s’intégrer à la communauté, Caryl Férey évoque un match furtif France-Mapuche, entre rire et partage polyglotte.
Du cône sud aux pays caribéens, Cary Férey revient longuement sur sa découverte de la déroutante Colombie. Il nous livre tout le travail préliminaire avant l’écriture de Paz, entre lecture d’anthropologues, articles du Monde diplomatique mais aussi de spécialistes du narcotrafic. La violence étant omniprésente dans le roman, l’auteur se défend : “je déteste la violence, ce ne sont pas mes livres qui sont violents, ce sont les hommes qui sont violents”. Il tranche : “moi ce qui m’intéresse ce n’est pas la barbarie, c’est l’humanité.”
Et c’est bien l’humanité qui transparaît de Paz, Condor ou Mapuche tout comme de l’entretien passé avec Caryl Férey, que la Casa Latina remercie une nouvelle fois. A très vite dans la savane namibienne, un abrazo ... !
Pauline Gibaud, secrétaire
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