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Les élections présidentielles au Nicaragua

Les prochaines élections générales du Nicaragua se dérouleront le 7 novembre prochain et permettront d’élire le président de la République du Nicaragua, ainsi que les membres de l'Assemblée nationale et les députés nicaraguayens du Parlement centraméricain. Le système électoral nicaraguayen diffère de celui de la France par le mode d’élection du président : le président est élu au scrutin uninominal majoritaire à un tour et pour un mandat de 5 ans. Le président est élu en même temps que son vice-président qui se présente avec lui pour le même mandat. Le président en place au Nicaragua depuis 2007 est Daniel Ortega du Front sandiniste de libération nationale.


1) Retour sur l’histoire nicaraguayenne et la révolution sandiniste


Afin de mieux appréhender les enjeux des élections nicaraguayennes, il est intéressant de faire un détour historique.

C’est en 1979, vingt ans après la Révolution cubaine, qu’une révolution d’inspiration socialiste se met en place au Nicaragua. En effet, la révolution sandiniste, impulsée par le Front sandiniste de libération nationale (FSLN), vise à défaire de ses fonctions le gouvernement d’alors : la famille Somoza au pouvoir depuis 1896. A partir de 1936, une dictature soutenue par les Etats-Unis et portée par Anastasio Somoza accentue les inégalités au Nicaragua au profit de la fortune du dictateur et d’avantages concédés aux Américains sur le sol nicaraguayen. Un des éléments déclencheurs de la manifestation du mécontentement du peuple nicaraguayen vis-à-vis de leur chef de l’Etat a été le tremblement de terre qui a ravagé la capitale Managua en 1972. En effet, Somoza réussit à détourner les fonds de l’aide internationale pour son propre bénéfice. Depuis les années soixante et ayant à l’esprit l’assassinat d’Augusto Sandino orchestré par Somoza en 1934, la révolution sandiniste commence à s’organiser. Après 45 ans de dictature, le gouvernement en place tombe aux mains des sandinistes qui, le 19 juillet 1979, dispersent les dernières troupes fidèles au régime.


Se mettent alors en place une série de mesures, à l’image du modèle cubain : construction de centres de santé accessibles gratuitement, campagnes d’alphabétisation – l’analphabétisation passe de 50% à 13% de la population -, ou encore l’expropriation des grands propriétaires terriens. En 1979, la peine de mort est abolie par la nouvelle constitution. Les élections de 1984 donneront raison aux sandinistes puisque le parti est élu avec 63% des suffrages. Daniel Ortega entame alors sa première présidence en tant que représentant du FSLN. Malgré des efforts de reconstruction du pays, le FSLN doit faire face à l’embargo américain et à une guerre d’usure menée par un groupe para-militaire appuyé financièrement par les Etats-Unis, les Contras. Cette guerre civile durera 11 longues années quand, en 1990, le FSLN perd les élections au profit d’une union libérale soutenue par les Etats-Unis. Les 15 années suivant 1990 sont marquées par trois défaites successives du FSLN aux élections présidentielles. Néanmoins, le 7 novembre 2006 vient briser la série de défaites électorales sandinistes puisque Daniel Ortega finit par être réélu.


2) La politique au Nicaragua : une affaire de famille


Le FSLN n’a pas que des ennemis sur le continent américain : les gouvernements cubains, vénézuéliens ou encore boliviens sont autant de gouvernements d’inspirations socialistes voire communistes peuvent constituer des soutiens. Le Nicaragua s’appuie d’ailleurs sur l’aide financière du Venezuela d’Hugo Chavez pour déployer son programme de lutte contre la faim en développant la production autonome dans les zones les plus pauvres. Mais peut-être comme à l’image de ses amis idéologiques latino-américains, une dérive dictatoriale est vite arrivée… En effet, le 19 octobre 2009, le FSLN consolide son projet politique en autorisant Daniel Ortega à se représenter aux prochaines élections présidentielles. Ce changement de Constitution permet une réélection sans limite du président en place.

Depuis 2006, le président en place au Nicaragua est donc Daniel Ortega, élu avec une large majorité des votes. Par ailleurs, plus le temps avance plus les résultats sont élevés :

- En 2006 : Daniel Ortega est élu avec plus de 37% des voix dès le premier tour,

- En 2011 : Daniel Ortega est élu avec plus de 62% des voix dès le premier tour,

- En 2016 : Daniel Ortega est réélu avec 72% des voix dès le premier tour.

Mais Daniel Ortega n’en est pas à son coup d’essai en matière de contrôle de l’Etat. En effet, entouré de sa femme qui remplit la fonction de vice-présidente depuis 2017 et de ses fils à la tête des principales entreprises nicaraguayennes, Daniel Ortega exerce un contrôle complet de l’Etat. La politique semble être une affaire de famille au Nicaragua…

Une dernière illustration de la dimension répressive et immersive de la gestion de la République du Nicaragua perpétuée par Daniel Ortega, pourrait être les manifestations de 2018. Sur recommandation du Fond Monétaire International, Daniel Ortega entame en 2018 une réforme des retraites qui vise à augmenter les contributions des employeurs comme des salariés et à baisser de 5% le montant des retraites afin de réduire le déficit de la sécurité sociale. Pour les Nicaraguayens s’en est trop et ils descendent dans les rues pour se faire entendre. La répression est immédiate et très violente à l’image des journalistes nicaraguayens ou des manifestants tués par l’armée. 280 morts et 2 000 blessés sont à compter entre avril et août. Les protestants sont alors présentés comme des « terroristes » voulant perpétrer un coup d’Etat. La vice-présidente, Rosario Murillo, en charge de la communication du gouvernement va jusqu’à les qualifier de « vampires assoiffés de sang ».




3) Elections présidentielles : entre populisme et mesures contraignantes


Selon un article de infobae datant du 10 octobre 2021 et rédigé par Carlos Sanchez Berzain, la presse ainsi que des rapports internationaux prouvent que Cuba, le Venezuela, la Bolivie ou le Nicaragua font usage du terrorisme d’Etat. Selon ce journaliste, le terrorisme d’état est l’essence des dictatures socialistes du XXIème siècle qui utilisent des moyens illégitimes pour provoquer la peur et la terreur au sein de la population civile dans le but de garder indéfiniment le pouvoir. Dans ce contexte, comment peuvent se dérouler des élections présidentielles ?

Quelques événements peuvent nous aider à dresser un bilan pré-élections : la liste des détenus politiques s’allonge de jour en jour – détenus parmi lesquels figure Violetta Chamorro, ex-présidente de la République du Nicaragua et principale opposante à Daniel Ortega pour les élections de novembre-, la restriction de l’utilisation d’internet – il est dorénavant interdit de critiquer le FSLN sur internet-, la presse est muselée par la politique d’enfermement des journalistes – seule la presse nationale détenue par Daniel Ortega a la possibilité de diffuser des informations.

De plus, le recours au populisme est une méthode fréquente dans le gouvernement d’Ortega. En effet, les Etats-Unis sont souvent jugés coupables pour chaque critique qui peut être faite au gouvernement actuel et l’organisation de campagnes de soins gratuites dans les zones défavorisées du pays sont teintées d’un fond politique avec la surreprésentation de Daniel Ortega et de l’idéologie sandiniste – à travers des tracts, des chants révolutionnaires, ou la présence de représentants du gouvernement par exemple.

Dans un contexte de bipolarisation de la population nicaraguayenne, et après un gouvernement sandiniste au pouvoir depuis bientôt 26 ans – en cumulant les années depuis la révolution sandiniste – la réélection de Daniel Ortega au Nicaragua serait-elle le mandat de trop ? Ces élections soulèvent beaucoup d’inquiétude de la part du peuple nicaraguayen et font l’objet d’une observation de la communauté internationale. Des ONG telles que Amnesty International dressent des bilans annuels de la situation nicaraguayenne.


Alyssia Lefeuvre, Secrétaire

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